Scène III.
Laissez-moi mourir.
Mais songez donc, infante…
Sire, ce que je désire le plus, c’est la fin de mes maux, c’est la mort.
Hélas ! une douleur aussi forte, et à laquelle tu ne cherches pas à résister, t’aura bientôt tuée.
Plût au ciel !… plût au ciel que mes peines finissent bientôt avec ma vie !
Tous nous pleurons la mort de Sforze, tous nous le regrettons, tous nous demandons vengeance au ciel… Mais enfin nous renfermons notre douleur dans de justes limites, loin de nous y abandonner avec une violence aussi déraisonnable.
Nous ne sentons pas également ; et je sais mieux que vous quel est mon malheur.
Consolez-vous, ma fille. Si l’on peut atteindre le traître, vous aurez satisfaction : il périra.
Hélas !… Ô mon bien ! ô Frédéric !
Eh bien ! que répondez-vous ?
Suivez vos projets, mon père, je ne puis que les approuver ; faites chercher le traître, et qu’il périsse. (À part.) Ô ciel ! ne le permets jamais ! (Haut.) Mais c’est en vain que je voudrais oublier ma peine, tous les efforts que je fais pour la chasser de ma mémoire l’y rappellent plus vivement[1].
Sire, votre majesté ayant fait publier qu’on punirait comme rebelle quiconque ne découvrirait pas le meurtrier, ou ne dirait pas
- ↑ Dans le texte Calderon a donné à cette pensée des développemens qu’il nous a été impossible de reproduire, tant ils ont de subtilité.