Vous êtes connu, monseigneur.
Nous savons maintenant, monseigneur, que vous êtes le prince de Sicile.
Vous le dites tous ?
Oui, certes.
Eh bien ! tous, vous en avez menti ; car parmi toutes les femmes de ma connaissance je ne connais pas de Cécile[1], — hormis tant seulement la fille du maître berger de mon endroit. C’est la vérité pure.
Quoi ! vous persistez à dissimuler avec moi, votre serviteur dévoué, dont la fidélité ne craint pas la comparaison avec celle d’Achates[2] ?
Bon ! maintenant voilà qu’il me parle d’Agathe[3]. En vérité, c’est à me faire perdre la tête. Ah çà, homme ou démon, explique-toi, que me veux-tu ?
Sire, le prince Frédéric, mon maître, est d’une obstination rare. II est aussi obstiné qu’il est courageux, et quand une fois il s’est mis quelque chose en tête…
Qu’on le mène à la tour de Belflor, et qu’on le remette aux mains de la princesse Hélène. Mais j’entends qu’elle le traite avec douceur ; je ne veux pas que cette prison soit trop sévère ; ce doit être une sorte d’hospitalité. (Bas, à Roberto.) Je traite mon ennemi comme si je voulais qu’il devînt mon gendre.
Cela est tout simple ; car fort souvent un gendre est un ennemi.
Et que Roberto soit enfermé avec lui. Il sera agréable au prince de le voir et de lui parler. — Dites à Hélène que je le lui recommande, et que je saurai la récompenser de tout ce qu’elle fera pour lui. (À part.) J’arrange le tout de mon mieux pour Marguerite… Ô femmes, combien vos fantaisies ont d’influence sur les projets des hommes !