Ah ! mon cher frère !
L’infant les voyant tous deux et ne sachant lequel est le prisonnier, lequel est le gouverneur, parle au premier comme à son frère.
Dieu me soit en aide !… Que vois-je ?… Quoi ! c’est là le prisonnier ? Je jurerais que je le connais.
Regardez donc, Berto, Belardo ; ou je suis ivre, ou ce prince-là n’est autre chose que Benito.
Ne parle pas tant, Antona ; regarde et tais-toi.
Pourquoi donc lui parle-t-on comme ça, puisque je le connais ?
Ô mon frère ! combien tes malheurs n’ont-ils pas fait verser de larmes à mes yeux ! Mais enfin je te vois, il suffit, tout est oublié.
Quoi ! c’est là l’infant mon frère ? En ce cas, il n’est pas bien malin mon frère l’infant. — Mais voilà Antona.
Tais-toi.
Tiens ! les princes ne peuvent donc pas parler à Antona.
Silence !
C’est bon ! ne criez pas si fort.
Berto, remarques-tu ce qui se passe ? — L’infant en personne est venu, et il parle à Benito comme s’il était le prince son frère.
Je vais répondre pour tous deux de manière à prolonger leur erreur. (Haut.) Je suis si troublé, infant, que ne puis vous exprimer ma joie. Je me contente de sentir et de me taire.
Maintenant, sire, permettez-moi de vous demander pourquoi vous renoncez à lui donner la main de l’infante Marguerite.
Parce que je le crois incapable de gouverner.
C’est lui faire injure… Ou a toujours reconnu en lui une intelligence supérieure.