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LE PIRE N’EST PAS TOUJOURS CERTAIN.

don juan.

Quoi ! vous le défendez lorsqu’il refuse d’épouser Léonor !… Que voulez-vous donc ?

don carlos.

S’il eût consenti, je le tuais.

don juan.

Qu’est-ce donc ?

don carlos.

En un moment tout est changé ; et mon amour aspire au bonheur d’épouser Léonor.

don juan.

Mais vos motifs de plaintes ?

don carlos.

Je suis satisfait ; vous devez l’être aussi. Léonor, demandons tous deux pardon à votre père.

léonor.

Seigneur…

don pèdre.

Ne me dis rien, ma fille… Mon honneur est rétabli ; je n’ai plus rien à souhaiter, et j’oublie toutes mes peines.

don juan.

Ne me direz-vous pas au moins, don Carlos, le motif…

don carlos.

Mais si vous le permettez ?…

don juan.

Sans doute.

don carlos. Il se place entre don Juan et don Diègue.

Laisse moi me placer ici.

béatrix, à part.

Il va lui dire ce qu’il a entendu.

don carlos.

Don Diègue, veuillez donner la main à Béatrix.

don diègue.

Et ma main et mon âme.

don juan.

Comment donc ?

don carlos.

Il le faut ainsi, et cela doit vous apprendre le motif de mon changement. — Dans cette maison demeurent Léonor et Béatrix. Or don Diègue y est fort assidu… or, puisque j’épouse Léonor, il faut bien qu’il épouse Béatrix.

don juan.

J’avais bien quelques soupçons. Mais je rends grâces au ciel d’avoir vu le remède avant d’avoir appris le mal.