Vous avez raison. (À part.) Jamais je ne me suis vu dans une situation plus cruelle, et…
Seigneur, lequel de ces deux habits puis-je prendre ?
Infâme coquin ! misérable que tu es !
En voilà d’un autre, à présent !
Il n’a pas tenu à toi que je ne fusse perdu !
Ce n’était pas la peine que je vinsse vous trouver[1].
Tu croyais que ce portrait était celui d’une dame ? Eh bien, c’est le mien !
Je n’ignore que vous vous aimez.
Vive Dieu ! tu vas mourir de ma main.
Ah ! Jésus !
Mais non, j’ai tort. Puisque me voilà hors de danger, il vaut mieux ne pas faire de bruit. (Haut.) Fabio ?
Seigneur ?
Viens avec moi, et choisis le meilleur des deux habits. Je sais que je n’ai aucun reproche à te faire, et que tu es d’une fidélité à l’épreuve.
A-t-on jamais vu de pareils caprices ? vive Dieu ! j’y perdrais mon bon sens, — si j’en avais[2].
- ↑ Il y a ici une plaisanterie intraduisible, portant sur le double sens du mot visto, participe passé du verbe ver (voir), et première personne de l’indicatif présent du verbe vestir (habiller). Frédéric dit : « Sors, misérable, car à cause de toi je me suis vu au moment de ma perte. » À quoi Fabio : « Et moi, à cause de vous, je n’ai pas de quoi m’habiller. »
- ↑ Cette plaisanterie se trouve déjà dans la première journée. Calderon apparemment ne s’en est pas souvenu, sans quoi il nous en aurait donné une autre.