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JOURNÉE III, SCÈNE II.

frédéric.

Noble madame ?

la duchesse.

Comment n’avez-vous point paru de tout le jour, et ne vous montrez-vous que le soir au palais ?

frédéric.

Comme, en vous voyant, on voit toujours le soleil couronné d’un merveilleux éclat, je ne croyais pas qu’il fût si tard, madame ; il m’a semblé, au contraire, en vous regardant, que le soleil se levait.

la duchesse.

Eh quoi ! vous me flattez ?

frédéric.

Ce ne sont point là des flatteries.

la duchesse.

Qu’est-ce donc ?

fabio.

C’est une façon de Macarandon.

la duchesse, bas, à Laura.

Ah ! ma chère Laura, voyez-vous ? il m’a déjà comprise.

laura.

Il a raison.

frédéric.

J’aurais encore une autre excuse à vous donner.

la duchesse.

Et laquelle ?

frédéric.

Comme je vous croyais irritée contre moi, j’ai différé de me présenter devant vous.

la duchesse.

Moi, irritée ! et de quoi ?

frédéric.

Je serais mal venu à le dire, si déjà vous ne le savez.

la duchesse.

Ce n’est pas que je ne le sache pas.

frédéric.

Qu’est-ce donc ?

la duchesse.

C’est que je ne veux pas le savoir.

frédéric.

Mon bonheur est d’autant plus grand, que vous avez été plus généreuse ; car lorsqu’on a des sujets de plainte, il est généreux de les garder pour soi.

la duchesse.

Je ne saisis pas bien votre pensée.