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JOURNÉE III, SCÈNE IV.

arnesto.

Que voulez-vous, madame, qu’on fasse du maître et du valet ?

la duchesse.

Amenez ici Frédéric, car j’ai eu seulement pour but d’empêcher un malheur, et maintenant je sais tout. Quant au valet, lâchez-le.

fabio.

Je vous baise mille fois les pieds.

arnesto.

Je cours chercher Frédéric.

Il sort.
laura.

Madame, songez à ce que vous faites, ménagez ma réputation.

la duchesse.

Laissez-moi, Laura.


Entre HENRI.
henri.

Madame, si, en ma qualité d’étranger, je puis obtenir grâce auprès de vous, je vous demanderai de rendre la liberté à Frédéric.

la duchesse.

Vous n’avez à cet égard rien à demander, car il est libre, et fort libre. Mais dites moi, Henri, avez-vous aujourd’hui reçu des lettres du duc ?

henri.

Moi ! non, madame.

la duchesse.

Eh bien, moi, j’en ai reçu.

henri, à part.

Voilà qui est bizarre !

la duchesse.

Et dans sa lettre, le duc m’écrit que votre affaire est arrangée ; et ainsi je compte que dès demain vous retourniez à Mantoue, puisque vous n’avez plus rien qui vous retienne à Parme.

henri.

Il est vrai, madame, que je n’ai point eu de lettre du duc ; mais j’en ai eu d’un de ses grands amis qui me dit de ne pas m’en retourner sitôt, car mon espérance ne s’est pas encore réalisée.

la duchesse.

Votre ami peut vous dire cela ; mais moi je vous dis de vous en retourner dès demain, car vous ne faites rien ici, et vous faites faute là bas.

henri, à part.

Ô ciel ! la duchesse m’éloigne avec autant d’indifférence que d’esprit.


Entre LISARDO.
lisardo.

Daignez me donner votre main, madame, et permettez que je