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L’ESPRIT FOLLET.

cosme.

Que dit-on ?

don manuel.

Le voici. (Lisant.) « Que personne ne m’ouvre ; car j’appartiens au seul don Manuel. »

cosme.

Plaise à Dieu que quelque sinistre aventure ne vous oblige pas à ajouter foi à mes paroles !… Mais un moment, arrêtez, n’ouvrez pas… commencez par conjurer ce billet.

don manuel.

Ce qui cause mon émotion, c’est la nouveauté du fait et non pas la crainte. Celui qui admire ne craint pas. (Lisant.) « Je m’intéresse à votre santé à cause que j’ai failli vous mettre en péril ; et avec autant d’inquiétude que de reconnaissance, je vous supplie de m’en donner des nouvelles. Le moyen est facile : vous n’avez qu’à, laisser la réponse au même endroit où vous avez trouvé ce billet. Il est essentiel que vous gardiez le secret ; car du jour où vos amis seraient instruits de la chose, je perdrais l’honneur et la vie. »

cosme.

L’étrange aventure !

don manuel.

En quoi étrange ?

cosme.

Vous n’êtes pas plus étonné que cela ?

don manuel.

Nullement. Au contraire, me voilà instruit de tout.

cosme.

Comment ?

don manuel.

Je vois maintenant que cette dame voilée qui fuyait don Louis avec un si grand trouble était sa dame… car comme il est garçon ce ne pouvait pas être sa femme. Et cela étant posé, peut-on répugner à croire qu’il doit lui être facile d’entrer quand elle veut dans la maison qu’il habite ?

cosme.

Cela n’est pas mal imaginé. Soit ! c’est la dame de don Louis, je le veux bien. Mais elle, comment pouvait-elle savoir ce qui arriverait après notre rencontre, pour qu’elle eût ce billet tout préparé ?

don manuel.

Elle peut après mon aventure l’avoir donné à un valet.

cosme.

Fort bien ! mais lui, ce valet, comment peut-il l’avoir mis ici ? car enfin depuis mon arrivée personne n’est entré dans l’appartement.

don manuel.

Cela a pu se faire auparavant.