Qu’il serait honteux pour moi de faire du bruit dans cette maison…
Songer que je vous ai toujours bien servi, et qu’une négligence n’est pas un crime chez un catholique chrétien.
Comment puis-je désormais compter sur toi ?… La chose la plus importante et celle que je t’ai recommandée avec le plus de soin, est précisément celle que tu oublies !
Justement, c’est parce que c’était important que je l’ai oublié. Si c’eût été sans importance je ne l’aurais pas oublié, ou bien il n’y aurait pas un grand mal. — Vive le ciel ! j’étais si désireux d’emporter ces papiers, que tout exprès je les ai mis à part… Et malheureusement c’est cette précaution même qui m’a perdu ; car s’ils n’eussent point été à part, je les aurais emportés avec le reste.
Nous sommes encore fort heureux que tu t’en sois ressouvenu au milieu du chemin.
J’étais inquiet sans savoir de quoi… et dans mon esprit je cherchais, je me tourmentais… lorsque tout à coup je me suis rappelé ces maudits papiers.
Va dire à ce valet qu’il attende un moment avec les mules… car il ne faut point faire de bruit et réveiller les gens, puisque j’ai une clef et que nous pouvons entrer et prendre ces papiers sans qu’on nous entende.
J’ai averti ce valet. Mais, seigneur, sans lumière il nous sera impossible de trouver vos papiers, et nous ferons du bruit. Si nous prenions un flambeau dans l’appartement du seigneur don Juan ?
Quoi ! misérable, tu veux que je le réveille, que je le dérange à cette heure !… Tu ne saurais donc pas sans un flambeau aller à l’endroit où tu les as laissés ?
Ce n’est pas là ce qui m’embarrasse. J’irais les yeux fermés droit à la table sur laquelle je les ai posés.
Ouvre donc.
Ce qui m’inquiète, c’est que je ne sais pas où l’esprit follet les aura mis. — Ai-je jamais, grâce à lui, retrouvé un objet en place ?
