Vive Dieu ! je suis honteux d’être ainsi joué, et il faut enfin que tout s’éclaircisse. — Femme, qui que vous soyez, parlez, répondez-moi : Qui êtes-vous ? Comment êtes-vous entrée ici ? et dans quel but ?… Femme ou démon, répondez. Alors même que vous seriez un démon, je ne vous craindrais pas, et, je n’en puis douter, vous êtes une femme.
C’est tout un.
Ne me touchez pas !… Sans quoi vous perdez le bonheur qui vous attend.
Le seigneur diable a raison. Ne le touchez pas : car il n’est ni un luth ni une harpe[1].
Si vous êtes un esprit, et c’est ce que j’aurai bientôt vu avec mon épée… si vous êtes un esprit, j’aurai beau vous frapper, je ne vous ferai point de mal.
Non, non ! Remettez votre épée dans le fourreau ! ne me frappez pas ! ne vous souillez pas du sang d’une femme !… Oui, je l’ai dit, je suis une femme, et mon seul crime c’est d’aimer. Épargnez-moi !
Parlez ; qui êtes-vous ?
Je le vois, il faut vous le dire. Je ne puis, comme je l’espérais, vous cacher plus longtemps mon amour… Mais si l’on nous voyait, si l’on nous entendait, vous et moi, nous serions morts… Vous ne savez pas qui je suis. — Ainsi donc, seigneur, pour prévenir le danger, fermez cette porte et même celle de la galerie, afin qu’on n’aperçoive pas la lumière.
Éclaire moi, Cosme, et allons fermer les portes. — Eh bien, à présent, que dis-tu ? Est-ce une femme ? ou un esprit follet ?
N’était-ce pas aussi mon avis ?
Maintenant, il faut que je déclare la vérité… Don Manuel a fermé la porte en dehors, et Isabelle a fermé de son côté. Ainsi…
Tst ! tst ! madame, votre frère demande après vous.
- ↑ Calderon joue sur le double sens du verbe tocar (toucher).