Seigneur, le maître et la maison appartiennent au diable, — qui m’emporte ! — car il demeure ici une dame, surnommée l’Esprit follet, qui n’est autre chose que le démon sous la figure d’une femme.
Et vous, qui êtes-vous ?
Je suis un valet, un domestique, un serviteur, qui, sans en savoir le motif ni le but, est soumis à ces enchantements.
Et qui est votre maître ?
Un fou, un sot, un insensé, un imbécile, un nigaud, qui se perd pour cette dame.
Et il s’appelle ?…
Don Manuel Enriquez.
Jésus ! qu’entends-je ?
Et moi, je m’appelle Cosme.
Toi, Cosme ? et comment es-tu entré ici ? Je suis ton maître. As-tu suivi ma chaise ? es-tu entré ici à ma suite ?
Voilà un plaisant conte ! Dites-moi vous-même comment il se fait que je vous trouve ici. N’êtes-vous pas allé seul, bravement, là où l’on vous attendait ? Comment donc revenez-vous si tôt ? et comment êtes vous entré ici, puisque j’avais la clef ?
Mais où donc sommes nous ?
Dans votre appartement… ou, si vous aimez mieux, dans l’appartement du démon.
Vive Dieu ! tu mens… car j’étais, il n’y a qu’un instant, dans un autre tout différent et bien loin d’ici.
Ma foi ! il y a là-dessous quelque tour de l’esprit follet. Pour moi, je vous ai dit la vérité pure.
Tu me ferais perdre la raison.