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JOURNÉE II, SCÈNE I.

vicente.

Parce que, à mon avis, il n’y a pas en Lybie ni en Hyrcanie un monstre de son espèce. À l’extérieur, et de loin, elle a un certain éclat qui trompe ; mais parlez-lui de près, et vous sentirez un parfum qui n’est pas celui de la rose. Et ce n’est pas là ce qu’il y a de pis, bien que ce ne soit pas déjà fort agréable. Elle a certains défauts sur lesquels je me tais, car je hais de dire du mal des femmes. Elle a un œil de verre et une jambe de bois.

elvire.

Cela n’est pas possible, vous mentez.

vicente.

Regardez-la avec attention, et vous vous assurerez que d’un côté elle boite, et que de l’autre elle n’y voit pas.


Entre DON GUILLEN.
don guillen, à part.

Je viens voir si doña Violante a passé son chemin, et ce qu’est devenu don Lope ; car ma peine ne me laisse pas un instant de repos.


Entre DON LOPE.
don lope, à part.

Puisque doña Violante est restée en compagnie de ma mère, je viens chercher don Guillen.

elvire.

Les voilà tous deux de retour.

vicente.

Nous nous rejoindrons tout à l’heure.

elvire.

Adieu. (À part.) Ce que c’est, cependant !… Quand on voit Béatrix, on ne soupçonnerait rien de tout cela.

Elle sort.
don lope.

Excusez-moi ; j’ai accompagné doña Violante, et cela m’a retardé.

don guillen.

Vous n’avez pas besoin d’excuse.

don lope.

Vous pouvez maintenant m’achever votre histoire.

don guillen.

Où en étais-je donc ?

don lope.

Vous veniez de me dire qu’étant entré à Naples à l’époque de la trêve, vous aviez vu dans cette ville une dame fort belle.

don guillen.

J’ai omis, don Lope, de vous dire une circonstance que je ne dois point passer sous silence.