et l’on dit même que c’est l’amour qui lui a fait prendre le parti de répudier la noble et pieuse Catherine. Enfin, ce qui est positif, c’est que le roi vit aujourd’hui avec Anne de Boleyn. Quant à la reine, inébranlable en sa résolution, elle se tient dans un pauvre château, près de Londres, où elle a souffert mille disgrâces. Voilà ce qui s’est passé depuis que nous avons quitté ce pays. — Maintenant, seigneur, si vous m’en croyez, vous vous consolerez de ce malheur et vous retournerez en France le plus tôt possible ; car un plus long séjour à Londres vous exposerait à mille dangers.
Oui, je repartirai, si toutefois l’amour et la jalousie ne me tuent pas. Mais avant de retourner en France, je veux voir la nouvelle reine. Quoi qu’il doive m’arriver, il faut que je lui parle… Mais qui peut venir au palais avec un cortège aussi considérable ?
Cette pompe nous dit que c’est le cardinal Wolsey.
Laissons le, suis-moi ; je te dirai ce que j’ai imaginé pour voir Anne de Boleyn.
Songez aux périls que vous courez.
Ne cherche pas à m’en dissuader. Quelque sages que soient tes conseils, je ne saurais les écouter en ce moment.
Qu’ils sont insupportables avec leurs placets ! Laissez-moi… vous m’ennuyez… Que personne ne me suive.
Quelle tyrannie !
Quelle cruauté !
Quelle insolence !
Que le ciel l’en punisse !
À moi, seigneur cardinal ?
Qu’y a-t-il de nouveau ?
- ↑ Cette petite scène est une peinture fidèle de l’accueil que les ministres en Espagne, au dix-septième siècle, faisaient souvent aux pauvres soldats qui revenaient estropiés et nus, de la guerre. On sait le sort de Cervantes.