Louis Perez, je ne puis vous répondre qu’en vous embrassant, et le cœur désolé. Qu’est ceci ?
Que vois-je ? don Alonzo ?
Embrassez-moi donc ?
Comment ! lorsque je vous croyais sur un vaisseau et voguant sur les mers, je vous trouve à Salvatierra !… Pourquoi donc, seigneur, êtes-vous revenu dans ces contrées ?
Je suis venu vous joindre. La flotte allait mettre à la voile, j’étais au moment d’entrer dans la chaloupe, lorsque le souvenir de tout ce que je vous dois vint se présenter à mon esprit, et je fus si honteux de vous avoir laissé partir seul, que je résolus de venir vous rejoindre, pour ne pas être sans cesse tourmenté des mêmes regrets. Je suis un ami trop dévoué pour me formaliser de votre manque de confiance. Vous m’avez offensé, mais je viens me venger en mettant ma personne à votre disposition. Me voici à vos ordres, mon cher ; que voulez-vous de moi ?
Je vous rends mille et mille grâces.
Voyons, que faites-vous ici ?
Manuel et moi nous vivons dans ces montagnes, en défendant notre existence au prix de celle des autres.
Puisque me voici, Louis Perez, les choses ne se passeront pas ainsi. Ce village, au pied de ces rochers, m’appartient ; j’y entrerai, sous ce costume, chez un de mes vassaux à qui je puis me fier, et nous y demeurerons en sûreté jusqu’à ce que vous soyez fixé sur le parti à prendre. Attendez-moi ici, je cours tout disposer, et je reviens. — Désormais, soit en bien, soit en mal, nous devons courir tous trois la même fortune.
Que regardez vous là, mon ami ?
Je vois du monde venir de ce côté.
Ils sont en nombre. Gagnons au pied, rassurés par l’âpreté du chemin.
Si nous fuyons à travers la forêt, le bruit des feuilles nous trahira. Que faire ?