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LE PIRE N’EST PAS TOUJOURS CERTAIN.


Entre DON JUAN.
don juan.

Béatrix !

béatrix.

Eh bien, mon frère ?

don juan.

Que faisiez-vous là ?

béatrix.

Quelque chose qui vous plaira sans doute.

don juan.

Qu’est-ce donc ?

béatrix.

Je sais qu’en amant dévoué vous êtes bien aise que l’on ait égard aux recommandations d’une certaine dame, et je viens de recevoir cette demoiselle, qui m’a été adressée par Violante.

don juan.

Grand merci de votre politesse, et même de votre malice. (À Léonor.) Pour vous, mademoiselle, et par la personne qui vous envoie, et par vous-même, vous pouvez disposer de ma maison. Nous étant recommandée comme vous l’êtes, vous servirez la sœur, et le frère s’empressera de vous servir.

léonor.

Que le ciel vous récompense, seigneur, de toutes vos bontés ! Vous aurez en moi une esclave dévouée.

don juan, bas, à Léonor.

Eh bien, Léonor, que dites-vous de ma maison, et de ma jolie sœur ?

léonor, bas, à don Juan.

Que, grâces à elle, le destin cesse enfin de me poursuivre.

don juan.

Je voudrais, Béatrix, vous parler en particulier. J’ai à vous demander un service.

béatrix.

Tout ce que vous voudrez. Éloignons-nous un peu.

Don Juan et Béatrix s’éloignent au fond du théâtre.
inès.

Je me présente à mademoiselle Isabelle pour son humble servante, son amie et sa camarade, qui lui sera toujours fidèle. Je ne lui demanderai qu’une chose.

léonor.

Et c’est…

inès.

De ne pas être trop scrupuleuse, si elle vient à s’apercevoir de quelque amourette.

léonor.

Il n’y a plus de scrupules aujourd’hui ; on les a laissés avec les