Page:Calderón - Théâtre, trad. Hinard, tome II.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
JOURNÉE I, SCÈNE III.

vieilles modes. Et d’ailleurs, s’il faut dire la vérité, j’ai, comme vous, mes petits soucis.

inès.

Ciel ! que me dites-vous là ?… En ce cas, vous aurez en moi une sœur, une amie.

léonor.

Et vous, vous aurez en moi une amie et une sœur. (À part.) Hélas ! pouvais-je prévoir que j’eusse jamais de semblables conversations !

Elles sortent.
béatrix.

Carlos est à Valence ?

don juan.

Oui ; mais il ne faut pas en parler. Il passe en secret à Naples, et c’est pour cela qu’il n’est point descendu chez nous. Il se propose pourtant de vous venir voir à la nuit tombante, et, par amitié pour moi, vous devriez bien lui préparer un léger présent que vous lui offririez.

béatrix.

Je fouillerai dans mes armoires, et je verrai si j’y trouve quelque chose que je puisse lui offrir. Quoique je sois fort dépourvue pour de semblables occasions, je serais bien étonnée si je n’avais des gants, des bourses, de la dentelle. J’ai une corbeille qui lui plaira, j’espère.

don juan.

Vous êtes charmante.

béatrix.

Vous pouvez vous en rapporter à moi pour cela et pour le souper.

don juan.

Adieu donc. Je reviens.

béatrix, à part.

Ah ! don Diègue, comment me venger de tes perfidies ?

Elle sort.
don juan.

Il faut que j’avertisse don Carlos de l’effet qu’a produit sa lettre, et, malgré le désir qu’il a de n’être point vu, ce soir je l’amène ici.

Il sort.

Scène III.

Une rue devant la maison de Jon Juan.
Entrent DON DIÈGUE et GINÈS, tous deux en habits de voyage.
don diègue.

Il faut l’avouer, Ginès, c’est un grand plaisir de revoir sa patrie !

ginès.

Oui, monseigneur, surtout lorsqu’on a été au moment de ne plus la revoir du tout.

don diègue.

À peine me suis-je vu convalescent et libre, grâces à ce que l’on n’avait pas déposé de plainte contre moi, — je me suis hâté de