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LE POÈME DES CHAMPS

Qu’enivre la senteur du genêt et du thym !
Déjà l’herbe se couche aux pentes arrosées ;
Et, dans les prés en fleurs tout baignés de rosées,
Le faucheur en sabots, sa large faux en main,
Au fourré le plus dru va s’ouvrir un chemin.
Alerte les vaillants ! Que les lames aiguës
Rasent du même coup et lotiers et ciguës,
Les trèfles, la bistorte avec le serpolet,
Et ces maudits crocus qui font tarir le lait.
Et surtout fauchez ras les gramens, fines plantes,
Fines, et, par le pied, riches et succulentes.
Halte un moment ! la pierre humide d’alkali
Rend au fil de la faux, le mordant, le poli.
Séchez vos fronts, et puis à l’œuvre encore ! à l’œuvre !
Bien ! l’acier en sifflant glisse, agile couleuvre,
Il vibre, il siffle, il crie en dévorant au vol
L’épais tapis, toison verdoyante du sol ;
Et l’andain régulier sur la trace jonchée.
S’allonge en s’alignant derrière la fauchée.
Et le premier faucheur par les autres suivi,
Tous vers le bout du pré se hâtent à l’envi,
Pour trouver, tout au bord, l’ombre de la futaie,
Et la cruche d’eau fraîche à l’abri sous la haie.