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puis pour la Beauté du Monde. Pour maintenir la douceur des horizons français, auquel le dandinement de ces soudards balourds enlèverait toute délicatesse et toute grâce. Et puis pour la Gloire bretonne !

Mais ne songez pas à moi vainement — à quoi bon ? priez pour moi, quand vous saurez. Cela viendra. Cela vient toujours pour les âmes droites et fières, comme celles que j’aime en vous.

Cher Lucien, je suis
Votre tout ami
CALLOC’H.

Et la photo promise ?

À M. René Le Roux.
Le 13 Août 1915.
Cher ami,

Que devenez-vous ? Je crois vous avoir adressé une carte il n’y a pas longtemps, – courte, car je n’écris plus guère. Ce n’est pas commode d’écrire dans nos trous étroits, où l’on trouve à peine place à se coucher.

Vous avez dû voir sur les journaux qu’il y avait eu quelques petites bagarres dans la Somme. Sommes là depuis deux mois : préparation, attaque, consolation…, et çà recommence.

Le régiment n’a eu que peu de pertes. Au début il n’y avait pas grand’chose devant nous. Ce n’est pas comme maintenant. Maintenant, ils tirent autant que nous. Ce n’est pas très folâtre, mais on s’y fait vite. La vie que nous menons !

Nous serons relevés bientôt sans doute. Si je ne suis pas démoli d’ici là, ce sera la permission. Bien gagnée, je vous assure.

Je croyais avoir gagné autre chose aussi : mon galon d’officier. C’était l’avis de mon Commandant de Compagnie,