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À M. Paul Wiriath.
26 Mars 1917.
Monsieur le Directeur,

C’est une fatalité. Il faut que je m’excuse d’avoir passé Paris sans vous rendre visite. Et pourtant ce n’est point ma faute. Mon régiment s’est déplacé. Il a fallu que j’aille deux fois ce jour-là au Bourget pour savoir où rejoindre, et tous mes plans de séjour à Paris furent ainsi bouleversés. J’espère avoir plus de chance la prochaine fois. Mais quand, maintenant ?

J’habite un pan d’église, dans un village dont toutes les maisons ont été incendiées ou détruites par les explosions. Sans ombre de motif, du reste ; simplement le plaisir de détruire. L’Église était toute neuve, 1912. Ils l’ont fait sauter en s’en allant. Seul, un grand Christ, sur un pan de mur, demeure intact parmi les ruines. Et ce symbole m’a plu. Cette église-là ressemble assez à l’Europe d’aujourd’hui.

Mais quand nous irons chez eux ! Maintenant, c’est absolument nécessaire que nous y allions, ne fut-ce que pour leur faire payer cela. Je n’ai jamais vu mes tranquilles Bretons dans un pareil état de fureur et de dégoût. Les quelques Boches qui leur sont tombés sous la main s’en sont ressentis. Ils le méritaient. Ces gens-là sont de simples brutes.

Avec tous mes regrets encore, veuillez, Monsieur le Directeur, agréer l’expression de mes sentiments respectueux.

J. CALLOC’H



À M. René Bazin.
Le 27 Mars 1917.

Monsieur, J’ai à peine commencé la lecture de Gingolph à cause de nos déplacements, et ne puis donc vous en écrire. Ce sera, j’espère, dans quelques jours.