Il semble bien que c’est au séminaire que s’est éveillée la vocation poétique de jean-Pierre Calloc’h et ce fut certes pour lui au cours de la vie un réconfort puissant que de pouvoir écrire ses larmes ; triste, voire même parfois sombre et muet, lorsqu’il pensait aux tristesses de son foyer, il cachait un cœur de la plus délicate tendresse ; il aimait comme les Bretons savent aimer l’île sauvage dont les rocs défient la puissance arrogante de l’Atlantique et dont les rudes pêcheurs vont arracher à l’Océan le pain de leurs familles au cours d’intrépides croisières ; pour chanter son île, pleurer ses douleurs et les endormir, clamer la foi religieuse qu’il avait si pure et si profonde, le jeune barde se servit tout d’abord du français, puis, trouvant le breton un meilleur instrument poétique pour lui, il arriva à s’en servir à peu près exclusivement. Il est inutile de dire qu’à cette époque du réveil du sentiment breton et de la langue littéraire bretonne, Jean-Pierre Calloc’h devait prendre de bonne heure une place importante dans le mouvement de renaissance celtique sous le pseudonyme de Bleimor (loup de mer) qu’il adopta dès le début ; il en restera une des plus nobles gloires.
À sa sortie du séminaire, ne pouvant, par suite de sa santé, poursuivre ses études de prêtrise — ce qui fut pour lui un désappointement atroce, — il fut appelé à remplir quelques postes de maître-surveillant dans divers établissements religieux d’éducation. C’est ainsi qu’il passa trois ans à Paris et un an à Reims. Il y donna entière satisfaction, mais ne s’y plût pas : le Breton s’y sentait trop déraciné. Même avant de partir, en Septembre 1907, il écrivait à un correspondant : « Je compte donc plus que jamais,