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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/210

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APPARITIONS

la bonne chere tout au plus pendant un quart d’heure ; après cela quelqu’un des conviés ayant crié, citò citò, il ſe trouva enlevé tout doucement dans le grenier du Tonnelier, ſans ſçavoir comment il y avoit été tranſporté.

» C’eſt ce qu’il déclara en préſence du Bailli. La circonſtance la plus ſinguliere de cette Hiſtoire, c’eſt qu’à peine le Menuiſier eut-il dépoſé ce que nous venons de voir, que ces deux femmes de Bar qui l’avoient convié à leur feſtin, ſe pendirent chacune chez elle. »

Les Magiſtrats ſupérieurs craignant de porter les choſes à un point qui auroit impliqué la moitié des habitans de Bar, jugerent prudemment qu’il ne falloit pas informer d’avantage : ils traiterent le Menuiſier de viſionnaire ; & les deux femmes qui s’étoient pendues, furent jugées atteintes de folie : ainſi la choſe fut étouffée, & on en demeura là.

Si c’étoit là ce qu’on appelle Sabbat, ni le Menuiſier, ni les deux femmes, ni apparemment les autres conviés du feſtin, n’eurent pas beſoin d’y venir montés ſur le Démon : elles étoient trop près de leurs demeures pour recourir à des moyens ſurnaturels, afin de ſe faire tranſporter au lieu de leur aſſemblée. On ne