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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/272

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APPARITIONS

ſoin de réfuter ici ces paradoxes : M. l’Evêque de Senez l’a fait avec ſon zèle & ſon érudition ordinaire dans une longue Lettre imprimée à Utrecht en 1736. Je ne nie pas que les Ecrivains ſacrés n’ayent quelquefois parlé d’une maniere populaire, & proportionnée au préjugé du peuple. Mais c’eſt outrer les choſes, que de réduire le pouvoir du Démon à ne pouvoir agir ſur nous que par voie de ſuggeſtion ; & c’eſt une préſomption indigne d’un Philoſophe, de décider du pouvoir des Eſprits ſur les corps, n’ayant aucune connoiſſance ni par la révélation, ni par la raiſon ſur l’étendue du pouvoir des Anges & des Démons ſur la matiere & ſur les corps. On peut excéder en leur donnant un pouvoir exceſſif, comme en ne leur en accordant pas aſſez. Or il eſt d’une importance infinie pour la Religion de faire un juſte diſcernement de ce qui eſt naturel ou ſurnaturel dans les opérations des Anges & des Démons, pour ne pas laiſſer les ſimples dans l’erreur, ni les méchans triompher de la vérité, & abuſer de leur propre eſprit & de leurs lumieres, pour rendre douteux ce qui eſt certain, pour ſe tromper eux-mêmes & tromper les autres, en attribuant au hazard ou à l’illuſion des ſens,