quillement dans la cour. Le Spectre parut peu après, prenant tantôt la forme d’un chien, tantôt celle d’un taureau, tantôt celle d’un lion. Arignote ſans ſe troubler commença à prononcer certaines invocations magiques qu’il liſoit dans ſes livres, & par leur vertu réduiſit le Spectre dans un coin de la cour, où il s’enfonça dans la terre & diſparut.
Le lendemain Arignote fit venir Eubatide maître de la maiſon, & ayant fait creuſer au lieu où le Fantôme avoit diſparu, on trouva un ſquelette, auquel on donna la ſépulture ; & depuis ce tems on ne vit ni l’on n’ouit plus rien dans cette maiſon.
C’eſt Lucien, c’eſt-à-dire l’homme du monde le moins crédule ſur ces ſortes de choſes, qui fait raconter cet évenement à Arignote. Au même endroit il dit, que Démocrite qui ne croyoit ni Anges, ni Démons, ni Eſprits, s’étant enfermé dans un tombeau hors la ville d’Athenes où il écrivoit & étudioit, une troupe de jeunes gens qui vouloient l’effrayer, ſe couvrit d’habits noirs comme on repréſente les morts, & ayant pris des maſques hideux, vinrent la nuit criailler & ſauter autour du lieu où il étoit : il les laiſſa faire, & ſans s’émouvoir, il leur