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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/377

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DES ESPRITS

ou des Ames ſéparées du corps, inſpire aux hommes ce qu’il juge à propos de leur faire connoître, ou en ſonge, ou par des ſignes extérieurs, ou par des paroles, ou par certaines impreſſions faites ſur leurs ſens, ou dans leur imagination, en l’abſence de tout objet extérieur.

Si les Apparitions des Ames des morts étoient des choſes naturelles, & qui fuſſent de leur choix, il y auroit peu de morts qui ne revinſſent viſiter les choſes ou les perſonnes qui leur ont été cheres pendant leur vie. S. Auguſtin le dit de ſa mere Sainte Monique[1], qui avoit pour lui une affection ſi tendre & ſi conſtante, & qui pendant ſa vie le ſuivit & le chercha par mer & par terre. Le mauvais Riche n’auroit pas manqué non plus de venir en perſonne trouver ſes freres & ſes parens, pour les informer du malheureux état où il ſe trouvoit dans l’Enfer ; c’eſt une pure grace de la miſéricorde ou de la puiſſance de Dieu, & qu’il n’accorde qu’à très-peu de perſonnes, d’apparoître après la mort, & c’eſt ce qui fait que l’on doit être fort en garde contre tout ce qu’on en dit, & tout ce qu’on en trouve d’écrit dans les livres.

  1. Aug. de curâ gerendâ pro mortuis, c. 13.