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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 2, 1751.djvu/154

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DISSERTATION SUR LES

l’affaire devint ſérieuſe, lorſque les plus honnêtes gens commencerent à ſe plaindre : les Papas mêmes convenoient du ſait, & ſans doute qu’ils avoient leurs raiſons. On ne manqua pas de faire dire des Meſſes : cependant le payſan continuoit la même vie ſans ſe corriger. Après pluſieurs aſſemblées des principaux de la ville, des Prêtres & des Religieux, on conclut qu’il falloit, ſuivant je ne ſais quel ancien Cérémonial, attendre les neuf jours après l’enterrement.

Le dixieme jour on dit une Meſſe dans la chapelle où étoit le corps, afin de chaſſer le Démon que l’on croyoit s’y être renfermé. Ce corps fut déterré après la Meſſe, & l’on ſe mit en devoir de lui arracher le cœur : le boucher de la ville aſſez vieux, & fort mal adroit, commença à ouvrir le ventre au lieu de la poitrine ; il fouilla long-tems dans les entrailles, ſans y trouver ce qu’il cherchoit. Enfin quelqu’un l’avertit qu’il falloit percer le diaphragme, le cœur fut arraché avec l’admiration des aſſiſtans : le cadavre cependant ſentoit ſi mal, qu’on fut obligé de brûler de l’encens ; mais la fumée confonduë avec les exhalaiſons de cette charogne ne fit qu’en augmenter la puanteur, & commença d’échauffer