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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 2, 1751.djvu/204

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DISSERTATION SUR LES

de deux amis qui s’étoient promis, que celui qui mourroit le premier viendroit dire des nouvelles de ſon état au vivant ; que le mort revint, & lui dit des choſes ſurprenantes. Sur cela Desfontaines me dit qu’il avoit une grace à me demander, qu’il me la demandoit inſtamment : c’étoit de lui faire une pareille promeſſe, & que de ſon côté il me la feroit ; je lui dis que je ne voulois point. Il fut pluſieurs mois à m’en parler ſouvent & très ſérieuſement ; je réſiſtois toujours. Enfin vers le mois d’Août 1696. comme il devoit partir pour aller étudier à Caen, il me preſſa tant les larmes aux yeux, que j’y conſentis : il tira dans le moment deux petits papiers qu’il avoit écrits tout prêts, l’un ſigné de ſon ſang, où il me promettoit en cas de mort de me venir dire des nouvelles de ſon état, l’autre où je lui promettois pareille choſe. Je me piquai au doigt, il en ſortit une goutte de ſang, avec lequel je ſignai mon nom ; il fut ravi d’avoir mon billet, & en m’embraſſant il me fit mille remercimens.

Quelque tems après il partit avec ſon frere. Notre ſéparation nous cauſa bien du chagrin : nous nous écrivions de tems en tems de nos nouvelles, & il