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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 2, 1751.djvu/213

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REVENANS EN CORPS.

Mais, dira-t-on, d’où vient que tant d’autres perſonnes, qui s’étoient engagées de venir dire des nouvelles de l’immortalité de l’Ame après leur mort, ne ſont pas revenues ? Sénéque parle d’un Philoſophe Stoïcien, nommé Julius Canus, qui ayant été condamné à mort par Jules-Céſar, dit hautement, qu’il alloit apprendre la vérité de cette queſtion qui les partageoit, ſçavoir ſi l’Ame étoit immortelle ou non. Et on ne lit pas qu’il ſoit revenu. La Motte le Vayer étoit convenu avec ſon ami Baranzan Barnabite, que le premier d’entr’eux qui mourroit, avertiroit l’autre de l’état où il ſe trouveroit. Baranzan mourut, & ne revint point.

De ce que les morts reviennent quelquefois, il ſeroit imprudent de conclure qu’ils reviennent toujours. Et de même ce ſeroit mal raiſonner que de dire qu’ils ne reviennent jamais, parce qu’ayant promis de revenir, ils ne ſont pas revenus. Il faudroit pour cela ſuppoſer, qu’il eſt au pouvoir des Ames de revenir & d’apparoître quand elles veulent, & ſi elles veulent ; mais il paroît indubitable au contraire que cela n’eſt point en leur pouvoir, & que ce n’eſt que par une permiſſion très-particuliére de Dieu, que les Ames ſéparées du corps paroiſſent quelquefois aux vivans.