CHAPITRE LII.
Examen du ſentiment qui veut, que le Démon
faſcine les yeux de ceux à qui les
Vampires apparoiſſent.
CEux qui ont recours à la faſcination des ſens pour expliquer ce qu’on raconte des Apparitions des Vampires, ſe jettent dans un plus grand embarras, que ceux qui reconnoiſſent de bonne foi la réalité de ces événemens : car la faſcination conſiſte ou dans la ſuſpenſion des ſens, qui ne peuvent voir ce qui ſe paſſe à leur vûe, comme celle dont furent frappés ceux de Sodôme[1], qui ne pouvoient découvrir la porte de Loth, quoiqu’elle fût devant leurs yeux ; ou celle des Diſciples d’Emaüs, dont il eſt dit[2] que leurs yeux étoient retenus pour ne pas reconnoître Jeſus-Chriſt, qui leur parloit en chemin, & qu’ils ne reconnurent qu’a la fraction du pain : ou elle conſiſte dans un objet repréſenté aux ſens d’une façon différente de ce qu’il eſt en
lui-même, comme celle des Moabites[3]