avertir les parens du mort ; mais comme le bruit s’en fut auſſi-tôt répandu par la Ville, un homme de Cyzique, qui venoit d’Aſtace, aſſûra que cela ne pouvoit être, parce qu’il avoit rencontré Ariſtée ſur le chemin de Cyzique, & lui avoir parlé ; ce qu’il ſoûtint hautement devant tout le peuple de Proconèſe.
Là-deſſus les parens arrivent chez le foulon avec tout l’appareil néceſſaire pour enlever le corps ; mais étant entrés dans la maiſon, ils n’y trouverent Ariſtée ni mort ni vivant. Sept ans après il ſe fit voir dans Proconèſe même : il y fit ces vers que l’on nomme arimaſpées, & il diſparut enſuite pour la ſeconde fois. C’eſt ce qu’on en dit dans ces Villes-là.
Trois cens quarante ans après cet événement, le même Ariſtée ſe fit voir à Métaponte en Italie, & ordonna aux Métapontins de bâtir un Autel à Apollon, & d’élever tout auprès une ſtatuë à l’honneur d’Ariſtée de Proconèſe, ajoûtant qu’ils étoient les ſeuls des peuples d’Italie, qu’Apollon eût honorés de ſa préſence ; que pour lui qui leur parloit, il avoit accompagné ce Dieu ſous la figure d’un corbeau ; & leur ayant ainſi parlé, il diſparut.