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VIE DE MÉLANIE

affaires de la maison, de maltraiter la sœur, etc. ; ma mère voulait se défendre, alors mon père la frappa, prit la poêle et la renversa à terre et commanda à ma très chère mère de s’en aller chez ses parents parce qu’il ne la voulait plus chez lui. En entendant pour la première fois ces choses, et voyant ma chère mère en pleurs, je courus aussitôt à mon père pour l’empêcher de lui faire du mal ; je lui prenais les mains en lui disant : « Papa, pardonnez, faites grâce, laissez maman ; je vous aime bien, papa, mais laissez ma mère ; si vous voulez, frappez sur moi, mais laissez ma mère. » Dans sa grande colère, mon père paraissait ne pas m’entendre. Enfin il ouvrit la porte à ma mère qui s’en alla, emportant dans ses bras son plus jeune enfant ; et mon père ferma la porte. Je voulais suivre ma mère, je pleurais et voulais sortir de la maison ; il m’empêcha ; mes frères pleuraient aussi. Ne pouvant me faire à cette triste séparation, je tentai plusieurs fois d’ouvrir la porte pour courir après ma chère mère, tout fut inutile.

Dieu soit béni ! Peu à peu mon cher père se calma, il pensa à faire mettre la table et à noue faire souper. Il est facile de penser que je ne pouvais pas manger, et cependant je dus me