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VIE DE MÉLANIE

Je continuai un mois ou deux à garder mes brebis jusqu’à ce que les vaches pussent trouver du pâturage dans les champs. Comme je l’ai dit plus haut, mon maître et mes maîtresses observaient la Loi de Dieu. À peu près une fois le mois elles me faisaient entendre la sainte messe le Dimanche, et par conséquent une d’elles allait à ma place, ce matin-là, faire paître les animaux. Le village de Sainte-Luce n’avait la messe qu’une fois à l’année ; les gens devaient aller les autres Dimanches au village de Saint-Jean-des-Vertus, à une bonne demi-heure de marche. On ne pouvait donc laisser les animaux seuls et sans les faire manger.

Un jour je fus envoyée par mes maîtresses pour arracher les mauvaises herbes dans le jardin qui se trouvait hors du village. Cet ouvrage me portait merveilleusement à mon Dieu, et je pouvais tranquillement l’adorer, le glorifier, faire des actes, etc., puis je remerciai mon bien-aimé Jésus de ce que mes maîtresses n’avaient point eu du déplaisir que je sue (sic) avec moi. Hélas ! peut-être que mon amour-propre voulait me faire croire à une victoire sans combat et la raison humaine me bercer, m’endormir sur ce fallacieux succès tout en me privant des croix