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VIE DE MÉLANIE

se composait de trois vaches (peu de jours après on m’apprit que deux que j’appelais vaches étaient deux taureaux) et de trois ou quatre chèvres.

Mon impression en entrant chez ces nouveaux patrons était noire, affligeante et répugnante : je ne savais pas définir cette angoisse, cette peur, ce malaise intérieur que j’éprouvais involontairement, me faisant violence pour me surmonter. Ces personnes ne regardaient jamais en face ; toujours leurs regards étaient tordus ; il semblait qu’ils ne se lavaient jamais les mains ni la figure ; on aurait dit des ramoneurs. J’étais humainement dégoûtée de leurs personnes et de leurs regards. Je souffrais pour cela des peines très grandes : mon esprit était comme crucifié. De plus en plus je tenais mon cœur dans l’unité de mon tout bon et tout aimant Jésus, voulant, embrassant tout ce qu’il daignait permettre à mon égard ; j’unissais mes sentiments à ceux qu’avait eus le Verbe de Dieu, mon très amoureux Jésus-Christ.

Le soir, au moment de se mettre au lit (il faut dire d’abord qu’il n’y avait qu’une chambre dans laquelle deux lits pour quatre qu’ils étaient), la fille en quittant ses habits me dit : « Vous savez