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XXXII
VIE DE MÉLANIE

que la première avait été chargée par vous de divulguer et de répandre, — combien en vain ! Lourdes prévue, annoncée par vous à la Salette, était un effort plus héroïque, un travestissement de votre douleur, semblable au travestissement d’une mère qui, la mort au cœur, se mettrait en habits de fête pour rassurer ses enfants.

Un peu plus de douze ans s’écoulèrent encore et il y eut ce qu’on a nommé l’Année terrible. La France piétinée par des brutes se tordait les bras. Une dernière fois vous apparûtes à de pauvres enfants d’une manière tout énigmatique. Vous déroulâtes dans le ciel d’étranges images de vous-même, accompagnées de brèves et réticentes paroles écrites pouvant signifier aussi bien l’extrémité de la menace que l’extrémité du pardon.

Et c’est tout. On n’a plus eu de vos nouvelles. Le monde chrétien, que ce silence devrait effrayer, a continué de descendre. La Salette méprisée. Lourdes devenue un lieu de négoce et un thème de littérature, Pontmain une image de piété ! Il est bien clair que vous n’avez plus aucun crédit chez votre peuple et que vous ne