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VIE DE MÉLANIE

savais lequel de ces deux amours était le plus fort. Je connus que mon unique et souverain Bien me voulait toute dépouillée des affections humaines, qu’il me voulait toute sienne, qu’il voulait être mon Maître absolu. Il me communiqua le grand mystère de l’Eucharistie en se montrant dans un globe de lumière excessive, les bras étendus, comme s’il avait voulu se donner à tous les hommes qui le désirent. Je compris beaucoup de choses sur l’amour que le Rédempteur a pour tous les hommes que je ne sais pas exprimer. Plus l’intelligence me faisait comprendre les saintes finesses de l’amour incréé, plus je me voyais devenir nulle et presque disparaître à mes yeux. Certainement si le Très-Haut avait voulu reprendre ce qui vient de lui et me laisser avec ma nullité, je serais comme un atome brûlé que le vent emporte et qui disparaît. Ah ! si du moins j’avais correspondu à tant de bienfaits reçus tous gratuitement !…

La vision du Tout-Puissant changée en peine ne dura qu’une minute : sublime moment ! moment suave, amoureux, lumineux, qui, pendant qu’il humilie, abaisse et anéantit, restaure, encourage, relève, ranime, réconforte ! En un instant, en un clin d’œil, l’intelligence reçoit beau-