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VIE DE MÉLANIE

comme tu as fait, j’irai dans la solitude, je penserais à toi, je gronderais les jans qui ne t’aiment pas ; et puis quand je serai grande comme le bon Dieu était quand on l’a fait mourir j’irai dire aux Méchants hommes et aux méchantes femmes : faites moi mourir sur une croix pour que j’effasse vos péchés, autrement, vous n’irez jamais en paradis. — Il n’en fallut pas davantage pour faire mettre la Mère de Mélanie en furie contre elle. Ah ! dit-elle. Ah ! la Méchante enfant que nous avons, il faut la tué, il faut l’auter de devant mes yeux, au lieu d’être comme je le croyé ma consolation, elle fait l’objet de ma peine ; je défant à mes deux enfants de l’appeller par son nom, je défands qu’on lui donne à manger, et je défands qu’on ne fasse aucune attention à elle, ne la tenez plus, laissez la par terre, puisqu’elle veut faire tout ce que Dieu a fait qu’elle le fasse ; Dieu n’a pas eu besoin qu’on lui apprit à marcher ni qu’on le tein lorsqu’il était petit, Dieu a jeûné. Dieu a couché par terre ; il a même demandé son pain, mais je lui défant de demander soit aprésent, soit plus tar quoique ce soit, et voici ces noms qu’elle portera dès aujourd’hui : Louve, Sauvage, Solitaire, Muette. — La pauvre enfant