I DU DEPARTEM. DE L’OISE. 27 dont les ponts pittoresques ont été renverses, soit par le temps, soit par les fureurs révolution- naires: je l`ai parcouru depuis peu; je le con- noissois autrefois , je l’av0is fréquenté dans ce qu’on nomme ses beaux jours; j’ose assurer que dans- ses masses et dans ses grands effets il a pro- digieusement gagné. Je me rappelle un temps ou les exagérations de ceux qui nous y conduisoient , où les exagérations de ceux qui l’avoient décrit le rendoient presque ridicule; le pavillon de Gabriel ne me présentoit point ces majestueux châteaux gothiques , de- meures de nos peres; ces grottes, qu’on disoit pro- fondes , n’etoient que des abris d’enfan\s, qui lais- soient pénétrer les rayons du soleil ; le desert , dans la profondeur duquel on arrivoit en un quart- d’heure, ou j’entendois encore le bruit des clo- ches , le fouet des roulie1·s , et les chants du village , étoit loin de me causer ces impressions grandes et mélancoliques qu’on éprouve dans un désert: j’étois blessé sur-tout de cet éternel rappel vers l’Ita· lie , vers les roches de la Meillerie , vers les scenes gi- gantesques de la Suisse; sur un théâtre presque plat, sur des rochers qui ne sont que des pierres: on diroit que le Francais, insensible aux charmes réels, aux impressions de la nature, ne la connoît que par les livres et par le récit des étrangers. Pourquoi , sur ces pelouses fleuries , dans ces bocages enchanteurs , sous ces ombrages déli-
