Page:Camille Allary - Au pays des cigales - nouvelles et contes.djvu/33

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mes craintes. La peur m'étreignait à la gorge. Un rayon de lune d'un blanc livide tombait sur le parquet, et métamorphosait les longs rideaux de la fenêtre en fantômes que je croyais voir marcher. Pour comble de disgrâce, la pendule fit entendre sa sonnerie endiablée, et le cheval, qui, au-dessous de moi, dans l'écurie, se disposait sans doute à suivre l'exemple de son maître, vint augmenter le tapage en frappant à grands coups de pied les cailloux que recouvrait la paille de sa litière.

Je vous demande si la nuit me parut longue! J'attendais le jour avec impatience; les minutes me semblaient des siècles. J'entendis sonner toutes les heures, et à chaque lent et solennel battement de la sonnerie je tressaillais. Effrayé par les ronflements de mon oncle, je restais la tête perdue sous les couvertures du lit, écoutant le moindre bruit, retenant ma respiration,