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gothiques blanchis à la chaux, aux fenêtres en ogive grillagées et ornées à certains endroits de vitraux coloriés. Deux cours plantées de platanes touffus, entourées de grands murs humides, décrépits, couverts d'une lèpre de moisissures, occupaient l'intervalle laissé libre entre les ailes.

J'ai passé là deux années, et j'ai conservé de ce temps d'insouciance et de gaieté des souvenirs qui ne s'éteindront qu'avec moi.

Faisions-nous des niches à ces pauvres diables de pions! Dans ma division surtout, on les martyrisait tellement qu'il fallait leur donner un successeur chaque semaine.

Le dernier que j'ai connu s'appelait Taddei. Il venait d'un petit pensionnat de Sartène. Figurez-vous un garçon de vingtcinq ans, grand, maigre, cagneux, aux pommettes saillantes, à profil de bouc, et vous aurez son portrait. Il portait constamment