Page:Camille Allary - Au pays des cigales - nouvelles et contes.djvu/69

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dolines partis de quelques barques pavoisées qui descendaient le fleuve. Un falot à la proue, les rames immobiles, ornées de tentures traînant dans leur sillage, elles s'en allaient à la dérive, doucement balancées par les vagues, et, parfois, soulevés par une bouffée d'air frais, les rideaux d'étoffe légère laissaient apercevoir, se détachant sur un fond d'ombre bleuâtre, des couples d'amoureux causant à voix basse et tendrement enlacés.

Un soir, la désolation était entrée par la porte mal fermée d'une maison de la vieille ville. Dans une salle basse aux murs nus, au sol pavé de cailloux, où tout criait la misère, assise près d'un berceau, une femme pleurait toutes les larmes de son corps. Elle s'appelait Marthe. Le lansquenet qu'elle avait épousé venait de mourir, et Benezet, la chétive créature née de cette union, agonisait. La veuve ne possédait plus rien. De