Page:Camille Allary - Au pays des cigales - nouvelles et contes.djvu/71

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veuve ne savait plus que devenir. Toutes les oreilles restaient sourdes à sa douleur. Le chirurgien-barbier refusait ses soins tant qu'on ne le payait pas d'avance. Alors, voyant qu'il lui fallait attendre la mort, elle tomba à genoux et pressa sur sa bouche les mains brûlantes du petit moribond.

Puis, elle tourna vers le ciel ses yeux rougis par les pleurs. Elle achevait sa prière, quand, près d'elle, une voix douce lui dit : « Je t'ai entendue... ton enfant vivra... je lui donnerai toutes les forces de la jeunesse. En échange de ces dons, tes désirs réalisés, tu mourras. Il me faut ce sacrifice. Y consens-tu ?

— Oh! oui, oui, répondit-elle; prenez ma vie et sauvez mon enfant! »

L'émotion la suffoquait. Ses yeux se mouillèrent, et trois larmes, trois grosses larmes de joie, semblables à ces perles avec