Page:Camille Allary - Au pays des cigales - nouvelles et contes.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

brillant, se hissaient sur les bornes afin de mieux admirer l'ambassadeur. Benezet, suivi d'un cortège de grands seigneurs, s'avançait à petits pas, superbement vêtu, la moustache relevée, une main à la garde de son épée, soulevant, d'un geste charmant, son chaperon pour répondre, avec un joli sourire, aux vivats de la foule. A un signal donné, on défit les amarres, et, en gagnant le large, semblable à un oiseau avide d'espace, la galère se pencha sur le flanc comme pour prendre son vol. A ce moment, Marthe poussa un cri déchirant et s'affaissa entre les bras de ses femmes. Ses forces, son amour maternel, s'étaient évanouis avec sa dernière larme, et, ainsi que la voix l'avait prédit, ses désirs réalisés, elle venait de mourir.