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ceux qui les portèrent, qu’elles se lamentent dans une nuit aussi profonde que celle où gisent leurs os ! Mon frère Cimmérion ramène en ses chariots une moisson assez riche pour garnir à nouveau ces spacieuses galeries ! »

Parmi les drapeaux éployés, le prince Sparyanthis parut sur les terrasses, d’où l’on découvrait la ville et l’orée des montagnes d’Étésie.

Les toits étaient couverts d’une foule non moins immense que celle qui emplissait les rues et les places, et un tumulte triomphant s’élevait par rafales avec les grands tournoiements de fumées qu’exhalaient les brasiers de parfums et les torchères alignant leurs avenues de flammes dans les masses sombres des feuillages des jardins. Au loin brillaient les armes des cavaliers et des fantassins, comme les taches de la robe d’un sinueux serpent colossal allongeant ses têtes multiples, rampant aux carrefours et s’avançant vers les majestueuses portes du palais d’où montaient en courbes spacieuses les allées bordées de remparts ou de palmes, jusqu’à l’étagement splendide des terrasses suprêmes au faîte desquelles, svelte idole de diamants, se dressait la jeune stature de Sparyanthis tendant à l’espace infini, dans la gloire du soleil, un laurier d’or. Seul, à la limite de l’azur, au bord des escaliers blancs où vibrait son ombre, il laissait derrière lui le groupe bariolé des femmes et des