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nine remuant derrière ses pas. Les étoiles fixes, le froid lui parurent des choses nouvelles ; et une grande délivrance se leva en lui, née de l’acceptation du crime. La ville dormait dans un enchantement bleuâtre, et en pensant à la stupeur qui saisirait l’Étésie, l’adolescent vêtu comme une jeune fille sourit avec une ironie presque heureuse.

De la promesse, Alilat ne reparla pas. Il sembla qu’elle l’eût oubliée. De longs jours passèrent. Leurs plaisirs furent doux et appropriés au printemps. Si Sparyanthis tentait une allusion à cette terrible nuit, Alilat en se jouant lui posait une rose sur la bouche.

Un soir qu’il se reposait avec elle, en compagnie de Cimmérion, dans une des salles du palais, il crut remarquer que son frère était pâle et respirait avec effort. Son regard clair était voilé fugitivement, et il y avait dans tout cet organisme puissant et naïf une sorte d’étonnement pénible, une surprise muette, une lenteur. Sparyanthis regarda la princesse. Pure et pâle, elle respirait des fleurs et souriait. La douceur de la soirée était exquise. Plus tôt que de coutume, Cimmérion se leva et embrassa son frère qui le vit s’éloigner avec Alilat.