Dans la littérature d’aujourd’hui, Francis Jammes est une des figures les plus curieuses et les plus attirantes. C’est, en plus, un poète représentatif de tout un groupe, et qui a déterminé un courant nouveau. Étudier son œuvre, c’est du même coup étudier un des aspects les plus intéressants de la poésie contemporaine.
Il est l’heureux favori du ciel qui a trouvé un filon très pur, et qui l’exploite à merveille ; un novateur ; un trouvère dans le sens étymologique du terme ; un sourcier qui, du sol poétique, épuisé, eût-on dit, par la surproduction, a fait jaillir de claires fontaines d’inspiration nouvelle ou renouvelée ; un initiateur et un chef d’école que suivent bon nombre de jeunes poètes de France et de Belgique.
Pendant longtemps, Francis Jammes n’a été goûté que des seuls lettrés ; depuis une quinzaine d’années, sa renommée grandit sans cesse. À présent, tous les critiques s’intéressent à ses productions. L’an dernier, on parla beaucoup de sa possible élection à l’Académie française.
Pour son renom, qui n’est pas encore assez vaste, je souhaite cette élection ; je la crains un peu, au contraire, pour son activité : nous voyons trop, hélas, que les fauteuils de l’Académie ont la qualité (qui est un défaut) de tous les fauteuils : ils sont moëlleux, invitent… au sommeil. De plus jeunes que Jammes se sont assoupis ! Et il faut avoir la tenace vigueur