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LES BELLINI.

complexe qui, au faîte de la gloire, prétendit résister au succès et se consacrer uniquement au service de la Vierge, des Saints et des Vertus chrétiennes, en dépit de Vénus, de Mars, de Bacchus et d’Éros.

L’énigme des cinq panneaux de l’Académie semble également avoir été résolue par Ludwig. Ils auraient, selon lui, servi jadis à encadrer un miroir, ou restello, et dévraient être présentés comme suit : En bas, de gauche à droite : la Fortune, dans une barque tenant une sphère ; la Prudence, debout sur un piédestal, tenant un miroir ; le Mensonge démasqué, sortant d’une conque portée par deux pêcheurs. En haut, dans le même ordre : la Paresse (traînée par un attelage d’enfants) et la Persévérance ; la Summa Virtus, combinant les attributs de la Justice, de la Tempérance, de l’Espérance, de la Force et de la Charité ; et un panneau disparu représentant le Bonheur couronnant la Persévérance. Nous avons déjà relevé plusieurs traits de ressemblance entre ces compositions et les dessins mythologiques de Jacopo. Ce rapprochement est suggestif. Pour le peintre primitif, ces fantaisies n’étaient qu’un passe-temps, pour le peintre renaissant, elles deviennent un danger.

En des temps plus propices, ces allégories chrétiennes eussent fait école et ouvert un nouveau champ à l’imagination artistique. En fait, il fallut trois siècles et demi d’expériences mythologiques avant que les Préraphaélites songeassent à s’en inspirer.


Dès le début du xvie siècle, à l’âge de soixante-dix ans.