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LES BELLINI.

Il s’agirait, suivant la tradition, de la peinture à l’huile, introduite à Venise par Antonello et dont le fameux retable de San Casciano aurait été le premier exemple. Sans entrer ici dans la discussion technique à laquelle celle affirmation a donné lieu, il nous suffira de noter que l’usage de l’huile était connu à Venise avant l’arrivée d’Antonello et que la toile y avait remplacé la fresque depuis près de vingt ans. La peinture à l’huile de cette époque ne correspond d’ailleurs pas à ce que l’on entend aujourd’hui par ce mot. Ce n’était qu’un perfectionnement de l’ancien procédé à la détrempe, destiné à lui donner plus de fermeté, plus de brillant. On a donc attribué à cette réforme plus d’importance qu’elle n’en eut en réalité. Elle n’entraîna d’ailleurs, chez Gentile, aucun changement de style. Il suffit, pour s’en convaincre, de comparer ses premières peintures avec les grandes toiles relatives aux Miracles de la Sainte-Croix qu’il peignit quelques années plus tard. Ces dernières œuvres montrent ce que dut être la contribution de Gentile à la décoration de la salle du Grand Conseil. À ce point de vue, l’incendie de 1577 ne fut pas aussi désastreux pour l’étude de son œuvre que pour celle de son frère, dont aucune composition historique ne s’est transmise jusqu’à nous.

Suivant les descriptions de Vasari et de Sansovino, la nouvelle décoration, commencée par les Bellini, Alvise Vivarini et Carpaccio, et achevée par le Titien, Véronèse et le Tintoret, aurait eu pour sujet principal le même glorieux épisode de l’histoire vénitienne que Gentile da Fabriano et