Aller au contenu

Page:Cammaerts - Les Bellini, Laurens.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
LES BELLINI.

Mais j’ai hâte d’en venir aux grandes compositions de Gentile qui sont parvenues jusqu’à nous et qui, mieux que tous les documents biographiques, renseignent sur l’esprit de son œuvre.

Vous vous souvenez que Jacopo, aidé vraisemblablement par ses deux fils, avait décoré la grande salle de la Scuola di San Giovanni Evangelisla. Lorsque la corporation désira orner les murs de son antisala, elle s’adressa tout naturellement à Gentile. Il s’agissait de représenter les principaux miracles accomplis par une célèbre relique, un fragment de la Sainte-Croix, acquis par la Scuola au xive siècle. À côté du maître, Lazzaro Sebastiani, Carpaccio et Mansueti, travaillèrent à cette décoration, dont les divers fragments se trouvent réunis aujourd’hui à l’Académie.

Le premier tableau, daté de 1496, qui fut placé au-dessus de la porte d’entrée de l’antisala, ne représente, à première vue, qu’une procession sur la place Saint-Marc (p. 45). Le jour de la Saint-Marc de l’an 1444, un bourgeois de Brescia, Ser Jacomo Salis, de passage à Venise, ayant appris que son fils était à la mort, s’agenouilla sur le passage de la sainte relique, demandant ardemment au Seigneur la guérison de son enfant. Il apprit ensuite qu’à l’heure même où il adressait à Dieu cette prière, son fils se trouva miraculeusement délivré de son mal.

En y regardant de plus près, on aperçoit, en effet, Jacomo de Salis, à genoux au deuxième plan, à droite du groupe principal(p.49). À ce détail près, nulle action ne nous