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LES BELLINI.

Il entreprit de peindre, au-dessus de la porte de la salle principale, une Prédication de saint Marc à Alexandrie, actuellement à la Brera de Milan (p. 65), dans laquelle il mit à profit les notes et les croquis qu’il avait rassemblés à Constantinople. Au fond de la place — une place Saint-Marc orientalisée — se dresse une église byzantine inspirée, sans doute, parle souvenir de Sainte-Sopbie. Les costumes vénitiens apparaissent cote à côte avec les costumes orientaux, mais il y a un parti pris de couleur locale dans l’architecture des maisons et dans plusieurs détails de l’arriére-plan, où l’on distingue notamment une girafe et plusieurs chameaux.

Deux ans plus tard, Gentile confia, par testament, l’achèvement de cette œuvre à son frère Giovanni ; aussi serait-il vain de vouloir tirer quelque conclusion du coloris de cette toile.

Sa première femme étant morte en 1494, l’artiste épousa en secondes noces, Maria di Antonio da Gabon, qui lui survécut. Le maître mourut en février 1507, sans laisser d’enfants. Il léguait ses dessins à ses élèves Ventura et Girolamo da Santa Croce. Ce sont les seuls disciples que nous puissions lui attribuer avec certitude. Nous savons pourtant qu’il associa à ses travaux Lazzaro Sebastiani, Mansueti et Carpaccio.

C’est à ce dernier qu’il fut donné de continuer l’œuvre de Gentile et de maintenir, dans toute sa pureté et dans tout son charme, la tradition de l’art légendaire des Bellini.