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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/157

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tures, que par l’intérêt que la plume d’un écrivain célèbre avait fait naître sur la détention d’un prisonnier d’État qui n’avait que des goûts et des habitudes bizarres.

J’étais auprès de la reine lorsque le roi, ayant terminé ses recherches, lui dit qu’il n’avait rien trouvé dans les papiers secrets d’analogue à l’existence de ce prisonnier ; qu’il en avait parlé à M. de Maurepas, rapproché par son âge du temps où cette anecdote aurait dû être connue des ministres, et que M. de Maurepas l’avait assuré que c’était simplement un prisonnier d’un caractère très-dangereux par son esprit d’intrigue, et sujet du duc de Mantoue. On l’attira sur la frontière, on l’y arrêta, et on le garda prisonnier, d’abord à Pignerol, puis à la Bastille. Ce transfert d’une prison à l’autre eut lieu parce que le gouverneur de la première fut nommé gouverneur de la seconde. Il connaissait les ruses de son prisonnier, et le prisonnier suivit le geôlier ; et de peur que celui-ci ne profitât de l’inexpérience d’un gouverneur novice, le gouverneur de Pignerol vint à la Bastille.

Telle est effectivement la véritable aventure de l’homme auquel on s’est amusé à mettre un masque de fer. C’est ainsi qu’elle a été écrite et publiée par M.***, il y a une vingtaine d’années. Il avait fait des recherches dans le dépôt des affaires étrangères, et il y avait trouvé la vérité : il la fit connaître au public ; mais le public, attaché à une version qui lui offrait l’attrait du merveilleux, n’a