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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/159

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une existence agréable. Le roi leur donna le château de Bellevue, et ajouta aux produits qui leur furent abandonnés l’entretien de leur écurie, de leur table, et le paiement de toutes les charges de leur maison, dont le nombre fut même augmenté. Pendant la vie de Louis XV, prince extrêmement égoïste, ses filles, quoique parvenues à l’âge de 40 ans, n’avaient d’autre séjour que leur appartement dans le château de Versailles ; d’autres promenades que le grand parc de ce palais ; et ne pouvaient satisfaire leur goût pour la culture des plantes, qu’en ayant des caisses et des vases remplis d’arbustes sur leurs balcons ou dans leurs cabinets. Elles eurent donc beaucoup à se louer des procédés de Marie-Antoinette qui eut la plus grande part dans la conduite du roi envers ses tantes.

Paris ne cessa, dans les premières années du règne, de donner des preuves de joie lorsque la reine paraissait à quelqu’un des spectacles de la capitale. Une représentation d’Iphigénie en Aulide fut pour elle un des triomphes les plus doux qui aient été accordés à une souveraine. L’acteur qui chantait ces mots répétés par le chœur : Chantons, célébrons notre reine, par un geste respectueusement adressé à Sa Majesté, fixa sur elle les yeux de l’assemblée ; les cris bis, mille fois répétés, les battemens de mains, furent suivis d’un tel enthousiasme, que beaucoup de gens unirent leurs voix à celles des acteurs pour célébrer, on peut le dire avec trop de vérité, une autre Iphigénie. La reine,